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Le blog de Banta-WAGUE

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C'est l'espace idéal pour partager le plus cher au monde avec mes chers frères, amis, sœurs et le monde entier ; celui du savoir. B.W


Le président Dia et les chefs religieux, un malentendu qui a coûté cher

Publié par Banta-WAGUE sur 22 Novembre 2013, 23:17pm

Catégories : #Politique et religion au Sénégal

Par Banta Wague, Université Michel de Montaigne Bordeaux3, 2009.           

          

            L’autonomie en 1959 puis l’indépendance du Sénégal en 1960 confirmèrent la position de premier plan du président Dia au sein de l’exécutif.  Aux années Soixante le Sénégal avait un régime parlementaire. Mamadou Dia en tant que président du conseil du gouvernement était devenu l’homme d’Etat le plus puissant au Sénégal […]; ceci jusqu’en 1962, date de sa rupture avec Léopold Sédar Senghor. Arrêté, il a été jugé et condamné à dix ans d’emprisonnement ferme. Le but visé par ses adversaires était de l’éloigner totalement du pouvoir.

Cette époque (1960-1962) où Mamadou Dia gouverna le Sénégal, est très riche en évènements politiques sur le visage futur du Sénégal et de l’Afrique noire française. Ce qui fait que cette période politique si courte mérite d’être analysée dans le but de mettre en exergue le rôle de cet homme presque inconnu du milieu politique sénégalais avant la naissance du Bloc Démocratique Sénégalais BDS[1].

 Mamadou Dia promoteur d’un islam éclairé

            Le président Dia a prôné un islam décolonisé, un islam qui ne serait pas un obstacle pour l’Etat du Sénégal. Il était persuadé que les marabouts devaient être libérés de certaines traditions dont ils bénéficiaient pendant l’époque coloniale. Il avait compris qu’un Sénégal indépendant devait prendre en considération toutes les dispositions nécessaires pour travailler avec toutes les composantes de la société y compris les chefs religieux. Mais cette collaboration avec les marabouts ne l’empêchait pas de mener sa politique “révolutionnaire’’ contre certains fonctionnaires de l’Etat et les marabouts “mauvais payeurs’’. Le président Dia nous donne quelques explications dans l’extrait suivant : « J’avais entrepris une campagne de clarification sur l’islam. Etant donné ce qu’on avait fait de l’islam au Sénégal, en utilisant certains marabouts complètement dépersonnalisés, et les déviations qui ont donné naissance à des mœurs établies par le système colonial j’ai, comme musulman, essayé d’opérer un redressement. C’est ainsi que, moi-même, je m’en suis occupé, par-dessus le ministre de l’Intérieur, qui jusque-là était chargé des relations avec les marabouts. Je considérais que c’était une affaire trop importante sur le plan politique, que si on voulait avancer, si on voulait que l’islam devienne un facteur de progrès et de développement - dans un pays, faut-il le rappeler, à écrasante majorité musulmane – il convenait courageusement de favoriser le retour à un Islam pur, à un Islam des sources […]. Je pensais que les écoles coraniques telles qu’elles fonctionnaient n’y suffisaient pas qu’on ne pouvait pas se contenter, non plus, d’envoyer des étudiants à l’extérieur, qui revenaient avec de nouvelles mentalités qui n’étaient pas du tout africaines. Il fallait plutôt reprendre la question par le biais de l’enseignement de la langue du saint Coran, en l’introduisant dans les écoles.

Il le sera dans les écoles primaires, secondaires. Ensuite j’ai pris la décision de créer l’Institut d’Etudes Islamique de façon que l’Islam fût réhabilité comme religion d’étude, une religion éclairante formant des musulmans éclairés »[2].

Le projet du Président Mamadou Dia pour mettre fin à la division confrérique au Sénégal

            Le président Dia est allé plus loin pour résoudre les divisions entre confréries au Sénégal en initiant un appel pour l’unité des chefs religieux : « C’est ainsi que le projet d’un conseil supérieur islamique procédait de la constatation que les divisions qui existaient entre les confréries, et en leur sein, posaient problème. Fallait-il désespérer de les rassembler, de les réunir autour d’une table pour faire leur unité ? J’avais voulu pour ma part, m’y atteler. J’en ai fait part, à l’occasion du Gamou[3] de Tivaouane en aoûte 1962. Dans cette allocution, qu’avais-je dit ? J’invitais les chefs religieux – comme je le fais encore aujourd’hui – à s’organiser pour être en mesure de prendre en charge les projets sérieux de développement qui allaient ou qui pouvaient leur être confiés, à se concerter sur les questions du culte afin de préparer, librement, une délégation représentative qui parlerait au nom du Sénégal musulman et permettrait d’éviter les multiplications de la même fête religieuse qui perdurent encore aujourd’hui »[4].

Cet appel est une preuve que le président Dia a bien tendu la main aux chefs religieux pour résoudre un problème qui peut paire obstacle à la paix sociale et à l’économie nationale. La multiplication des fêtes religieuses musulmanes est un problème dont l’Etat du Sénégal doit s’occuper afin de le résoudre définitivement.

 

  N.B Certains ont tendance de l’appeler le “président Dia” un titre que nous utiliserons ici.

 [1] Adam Baytir Diop, Le Sénégal à l’heure de l’indépendance, Le projet politique de Mamadou Dia    (1957-1962) L’Harmattan, Pais, 2007, p.5. 

[2] Mamadou Dia, Afrique le prix de la liberté, L’harmattan, Paris, 2001, p. 170.

[3]Fête religieuse commémorant l’anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed (PSL).

[4] M. Dia, op. cit., p.171.

 

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B
صدقت أخي الكريم أحمد لقد فكرت في ترجمة بعض مقالاتي إلي العربية قريبا إن شاء الله. و شكرا علي التعليق و التذكير
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K
السلام عليكم<br /> عزيزي<br /> لقد قمت بدور هام في تنوير بعض القضايا السائدة في مكانة العلاقة بين السياسة ورجال الدين.<br /> حقيقة أفدت وأجدت<br /> حبذا لو كتب أيضا بالعربية لتعم الفائدة<br /> بارك الله فيك
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