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Le blog de Banta-WAGUE

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C'est l'espace idéal pour partager le plus cher au monde avec mes chers frères, amis, sœurs et le monde entier ; celui du savoir. B.W


L’arrivée au pouvoir du président Abdoulaye Wade et la politique de la réélection

Publié par Banta-WAGUE sur 25 Novembre 2013, 15:50pm

Catégories : #Politique et religion au Sénégal

L’arrivée au pouvoir de Me Wade s’est faite contre le gré des beaucoup des chefs religieux qui ont recommandé à leurs disciples de voter pour le président Diouf. Une victoire historique que beaucoup des observateurs voyaient un changement important dans le comportement de l’électorat sénégalais. Ils considéraient cette victoire comme une possibilité offerte par l’électorat aux hommes politiques de pouvoir décider librement. Mais la politique du PDS en décide autrement. Le président s’est de plus en plus immiscer dans la confrérie mouride.Mody Niang (Inspecteur de l’enseignement à la retraite) analyse ce changement du président et l’objectif sous-entendu de ses démarches contradictoires avec le principe de la République : « Me Wade a raté le cloche, il n’a pas été élu par les chefs religieux. Il a même été élu contre leur gré. La majorité d’entre eux avait appelé à voter Diouf et à barrer la route à l’incendiaire (on le considérait alors comme tel). […]

De nombreux compatriotes comme le Pr Ousseynou Kane du Département de philosophie de l’Université de Cheikh Anta Diop de Dakar et Abdou Aziz Diop, chroniqueur au quotidien Le Matin dénonçaient avec la plus grande vigueur certains choix contestables du nouveaux président de la République. Et ils avaient parfaitement raison car, dès le début de son septennat, il affichait nettement son appartenance à la confrérie des mourides. Personne ne lui conteste d’ailleurs d’être adepte de la confrérie de son choix ou de n’en avoir pas du tout. Ce qui est moins supportable, c’est le caractère ostentatoire et manifestement intéressé de son choix ; ce sont les instruments et les symboles de la République qu’il utilise, pour que tous les mourides sachent qu’il est des leurs et votent le moment venu pour lui et sa majorité. Sinon personne n’a le droit de s’occuper de ce qu’il fait à titre privé : qu’il rampe, se prosterne, ou manifeste son mouridisme de quelque manière que ce soit. L’auteur continue dans son langage souvent radical et commente la visite du président Wade à Touba pour remercier son marabout en ces termes : « c’est le peuple qui s’était vaillamment battu pendant plusieurs années pour le porter, par son vote massif du 19 mars 2000, à la magistrature suprême. Celui-ci ne méritait-il pas les premiers remerciements ? »[9].

Deux année, après le président Wade s’est rendu une nouvelle fois à Touba pour remercier le même marabout. Selon l’expression de Mody Niang : « Le second acte posé cette fois par le président de la République du Sénégal, c’était sa décision, alors très contesté de conduire tous les élus de la liste « coalition Sopi ak PDS » victorieuse des élections législatives du 29 avril 2001 pour aller encore remercier le khalife mouride de ses prières. La délégation comprenait non seulement les députés nouvellement élus, mais aussi les ministres du gouvernement et une cohorte de courtisans. (Cette) opportunité a même été saisie pour organiser un séminaire sur « le rôle du nouveau député » au siège du Hisbut-Tarquiyah, l’Association dite des Etudiants mourides. Les sénégalaises et sénégalais ont commencé alors sérieusement à douter et à se poser des questions.

Il ajoute que la liste victorieuse de la « coalition sopi ak PDS » comprenait certainement des mourides, mais aussi des tidjanes, des khadres, des musulmans sans confrérie et des chrétiens. Sans doute s’il était donné à chacun de choisir librement de partir ou de s’abstenir, beaucoup n’auraient certainement pas fait le voyage.

Abdoulaye Wade d’avant le 19 mars 2000 n’était plus celui installé officiellement dans ses fonctions le 1er avril 2000 »[10].

Pour gagner la confiance de l’électorat de la ville sainte de Touba et les mourides en général « Me Wade est allé plus loin, beaucoup plus loin encore en prenant la grave responsabilité de faire du khalife général des mourides, le très détaché, très humble et très pieux, Serigne Saliou Mbacké, la tête de liste du PDS à « Touba Mosquée » lors des élections régionales, municipales et rurales du 12 mai 2002. Les mourides ont connu la surprise de leur vie : à la « une » de Sud Quotidien du mercredi 13 mars 2002, ils découvrent avec stupeur cette nouvelle : « Serigne Saliou Mbacké dirige la liste du PDS de Touba ». […] Les langues se délieront par suite. C’est Idrissa Seck[11] lui-même qui aurait passé deux nuits à Touba pour abuser et convaincre le khalife, avec l’aide de son entourage, le nommé Matar Diakhaté (président de la communauté rurale de la ville sainte) en premier »[12]. Cet auteur poursuit dans le même ordre d’idée pour nous rapporter la réaction du président Wade après le retrait du nom du khalife dans la liste du « coalition Sopi ak PDS) : « Quant la presse rendait public l’enrôlement du khalife Serigne Saliou dans cette solide affaire politicienne, Me Wade était en voyage à l’Ile Maurice. Ceux et celles de nos compatriotes qui étaient suffisamment naïfs pour croire à la sincérité de son mouridisme se disaient que, dès son retour au Sénégal, il sévirait terriblement contre les auteurs du grave forfait. Ils (elles) durent vite déchanter. En effet, dès l’Aéroport de Dakar, Me Wade regrette le retrait du khalife qui, à ses yeux, est le fait « de personnes de son entourage, sa famille qui n’ont pas très bien compris le sens de sa démarche ». Il considère le plus naturellement du monde que Serigne Saliou « est un citoyen et par conséquent il peut accomplir des actes républicains »[13].

Nous pensons également, qu’un marabout est un citoyen et peut participer aux évènements de sa société mais avec son bon gré et sa propre conviction, alors que dans ce cas précis c’est plutôt le contraire qui est à constater, ce qui est déplorable.

L’auteur confirme l’intention politique du PDS pour cette nomination du khalife des mourides : « C’est une certitude : Me Wade était manifestement dans le coup, dont le seul objectif était de barrer la route à toute liste rivale à Touba, celle de l’AFP (parti politique sénégalais) notamment [...]. Serigne Saliou Mbacké a très tôt fait un choix net et sans équivoque : celui de ne jamais se mêler des choses ici-bas, surtout quand elles ont une allure politique […]. Les mourides découvrent de plus en plus que nombre d’initiatives de Me Wade en direction de Touba sont inspirées par ces préoccupations-là, des préoccupations politiciennes et électoralistes. Il est trop présent à Touba et chaque fois qu’il s’y déplace, c’est avec une longue et bruyante caravane, accueillie à l’arrivée par des foules […], manifestement préparées à cet effet »[14].

[9] Mody Niang, Qui est cet homme qui dirige le Sénégal. L’Harmattan, Paris, 2006, p.109-110.

[10] Ibid., p. 110.

[11] Il était le numéro 2 du PDS, premier ministre du président Wade entre 6 novembre 2002-21 avril 2004.

[12] Mody Niang, op. cit., p. 111.

[13] Ibid., p.112.

[14] Idem., p. 113.

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