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Le blog de Banta-WAGUE

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C'est l'espace idéal pour partager le plus cher au monde avec mes chers frères, amis, sœurs et le monde entier ; celui du savoir. B.W


Le président Abdoulaye Wade arbitre et met fin au débat agité sur le code de la famille

Publié par Banta-WAGUE sur 26 Novembre 2013, 23:04pm

Catégories : #Politique et religion au Sénégal

Le président Wade en visite officielle au Japon en mai 2003, donne son point de vue au débat excitant dans son pays. Ainsi le président Wade réagi : « Le code de la famille est une loi. Le président de la République doit respecter les lois. L’exécutif que je préside n’a pas l’intention de présenter un projet de loi et s’opposera à sa modification »[19]. Mais cette réponse ne convient pas au CIRCOFS, comme l’indique Brossier il « s’attelle à la mise en œuvre d’un “programme de popularisation et de sensibilisation des populations”, au cours de l’été 2003. Il attend désormais une « alliance » avec le chef de l’Etat qui accepte finalement d’étudier leur projet »[20].

Cette position du président Wade n’est pas la dernière. Car il a fini par dénoncer le projet. Il met alors en cause la tentative du CIRCOFS de se créer une filiation confrérique en démentant que les chefs religieux aient rejeté le code de 1972[21], et en dénonçant le caractère politique de l’action de Me Niang : « [les initiateurs du projet] laissent Senghor l’appliquer jusqu’à son départ. Ils laissent Abdou Diouf l’appliquer pendant vingt ans. Ils se réunissent un beau jour et disent certainement avec Abdoulaye Wade, on peut tout se permettre et tout raconter. Ils se trompent et qu’on n’essaie pas de se couvrir de l’islam car nous connaissons aussi l’islam et nous sommes des musulmans. […] Quand quelqu’un comme Me Niang prend des initiatives de ce genre, il aurait dû le mettre dans son programme de campagne présidentielle, peut-être que les sénégalais auraient voté pour lui. À ce moment-là il pourra le faire. Alors qu’ils attendent les prochaines élections pour faire une campagne sur la charia s’ils le désirent »[22]. Avec cette allocution au Japon le 16 mai2003, le président Wade met fin à toute tentative de ce comité islamique et son projet de statut personnel.

Nous allons donner quelques analyses sur cette allocution :

-Premièrement, cette comparaison que le président Wade établit entre Senghor, Diouf et lui n’est pas convaincante. Il s’agit d’un « projet de loi » qui occupe la société. Son acception ou son rejet doit porter sur le contenu du projet et non sur la personne initiatrice en tant que telle.

-Deuxièmement, les personnalités qui ont initié le projet en 1972 et qui se sont opposées à Senghor ne sont pas les mêmes qui ont mené ce combat en 2002-2003 même si l’idée est la même.

-Troisièmement, le président Wade manifeste clairement sa connaissance de l’islam. Si nous devons respecter les spécialités de chacun, nous pouvons dire qu’il n’est ni islamologue, ni spécialiste en jurisprudence islamique. Par conséquent, il ne peut pas prétendre une grande connaissance en islam, même s’il peut être entouré de spécialistes en ces matières.

Nous conclurons ce débat en affirmant que :

1- Il est difficile pour le comité islamique de prétendre le soutien de toutes les communautés religieuses islamiques du Sénégal. En effet, il ya un Imam très influent, El Hadj Moustapha Guèye, islamologue et président de l’Association des Imams et Oulémas au Sénégal (AIOS), qui dénonce le manque de discussions et de collaborations entre son association et le CIRCOFS : « Ce projet n’est pas le projet de notre association. […] Les porteurs de ce projet de code disent qu’ils travaillent depuis 1996. Or, de cette date jusqu’en 2002, notre association n’a jamais été informée de quoi que ce soit. […] Moi, tout comme l’association que je dirige, nous ne pouvons pas être contre quelque chose qui visant à faire avancer l’islam dans notre vie. […] Maintenant, je crois qu’il faudrait aussi réfléchir à la faisabilité et à l’opportunité des choses. Si les musulmans exigent leur code, les autres communautés religieuses doivent faire la même, car le code actuellement en vigueur est un code laïc. […] Si chacun demande un code inspiré de ses croyances, combien de codes allons-nous avoir ? »[23].

2- Malgré ce débat agité qui oppose deux courants de pensée autour du code de la famille, le Sénégal est loin d’une crise politique ou religieuse. Au contraire, l’implication d’intellectuels de haut niveau, (Me Niang[24] et Imam Mbaye Niang (Député à l’Assemblée Nationale du Sénégal, secrétaire général du Mouvement pour la Réforme et le Développement Social MRDS dans le camp islamique, et Penda Mbow, professeur d’histoire à l’Université de Dakar. Leader du mouvement citoyen, ancien ministre de la culture du Sénégal dans le camp laïc) dans ce débat et laconfrontation des idées doivent être perçues comme une démarche démocratique à encourager.

[19] Marie Brossier « Les débats sur le droit de la famille au Sénégal, p.78. in ; Sénégal 2000-2004 » l’alternance et sescontradictions, sous la direction de Tarik Dahou, Karthala, Paris, 2004.p. 84.

[20] Ibid., p.85.

[21] Pour plus d’informations sur l’opposition de chefs religieux au Senghor sur la question du code de la famille, voir C. Coulon, Les musulmans et le pouvoir en Afrique noire. M. Magassouba, L’islam au Sénégal. Mais Senghor prétend le soutien de ces chefs religieux. Voir le livre de J. Roger De Benoit sur Senghor.

[22] M. Brossier, op. cit., p. 90.

[23] Ibid.,

[24] Me Babacar Niang est un Avocat à la cour de Dakar, ancien membre du parti marxiste PAI (Parti Africain pour l’Indépendance) jusqu’à sa dissolution en 1963. Puis du RND (Rassemblement Nationale Démocratique) de Cheikh Anta Diop. En 1983 il rompt avec le RND et forme son propre parti le PLP(Parti pour la Libération du Peuple). Il s’engage dans la voie de l’islamisation à la fin de 1990 en acceptant sa nomination à la tête du CIRCOFS. Marie Brossier, op. cit., p.92-93.

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