Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de Banta-WAGUE

Le blog de Banta-WAGUE

C'est l'espace idéal pour partager le plus cher au monde avec mes chers frères, amis, sœurs et le monde entier ; celui du savoir. B.W


Le président Abdou Diouf et les chefs religieux

Publié par Banta-WAGUE sur 24 Novembre 2013, 19:53pm

Catégories : #Politique et religion au Sénégal

Changement de position du président Abdou Diouf vis-à-vis des chefs religieux

        Le président Diouf a radicalement changé sa position d’abord hostile envers les marabouts, après son arrivée au pouvoir en 1981. Il considérait ces derniers comme des féodaux qui ne voyaient que leurs propres intérêts. Magassouba rapporte dans ce mémoire soutenu à l’Ecole Nationale de la France d’Outre-mer ENFOM par l’étudiant Abdou Diouf que : « La majorité des marabouts, ignore la notion d’intérêt public ; ce ne sont que des féodaux ne représentant absolument rien et ne vivant que dans la poursuite de leurs intérêts propres »[1]. Ce changement de vision serait survenu comme le souligne Magassouba : « Devant l’aggravation de la crise économique et sociale, le président Diouf, qui entend mettre en œuvre une politique de redressement national, va tenter de mobiliser les sénégalais autour de ce qu’il appelle le « sursaut national ». Les marabouts sont évidemment appelés à jouer un rôle majeur pour la réussite d’une politique qui est loin de faire l’unanimité dans le pays. C’est à ce titre qu’ils seront invités à « présider la prière de la résurrection du pays ». On est bien loin de l’attitude anti-maraboutique de l’étudiant Abdou Diouf qui […] dénonçait le conservatisme des chefs religieux présentés comme des éléments réactionnaires.

Les chefs religieux, qui n’avaient apprécié que modérément la campagne de dénonciation dont ils avaient fait l’objet durant et après la campagne électorale de février 1983, répondirent certes favorablement à celui que la presse officielle qualifiait désormais « d’homme de Taëf[2]. »[3].

Pour légitimer son pouvoir hérité, le président Diouf a organisé en 1983 des élections présidentielles et législatives. Le soutien des chefs religieux était remarquable pour sa victoire écrasante. Selon l’expression de Magassouba : « Le soutien des grands marabouts, notamment tidjanes, mourides et khadres, au chef de l’Etat vaudra à celui-ci de remporter largement les élections présidentielles avec 83,55 % des voix contre seulement 14,6 % à son principal adversaire Me Abdoulaye Wade, qui criera à la fraude. Si le parti du président, le P.S., fait moins bien que son leader - « seulement » 79,92% - aux législatives, c’est parce que, diront certains observateurs, les marabouts ne s’étaient pas ouvertement prononcés pour les candidats du parti au pouvoir et n’avaient donné aucune consigne de vote »[4].

Avec cette victoire électorale, nous pouvons dire que l’influence des chefs religieux n’est plus un sujet de doute pour le président Diouf.

Le président Abdou Diouf ne fait pas parti du système confrérique

      Le président Abdou Diouf malgré l’appartenance de sa famille à la confrérie Tidjaniya, n’a pas manifesté publiquement son appartenance à une famille religieuse. Il a su gouverner le Sénégal en se positionnant au centre, libre de toute communauté religieuse. Cela ne l’empêcha pas de rendre une visite de courtoisie régulière auprès de grandes familles religieuses comme le lui avait conseillé son maître Senghor. Il a toujours gouverné avec sa conviction portée sur le principe de laïcité. Dans l’entretien qu’il a accordé aux journalistes de Radio France Internationale RFI, le président Diouf explique ainsi cette politique qu’il menait vis-à-vis des chefs religieux : « Ma famille est tidjane[…], moi je suis croyant, je suis musulman tout court. Je ne suis pas dans le système des confréries. Mais ma famille est tidjane. Mon père, ma mère sont tidjanes, d’autres membres de ma famille sont mourides […] ça ne joue pas »[5].

Le président Diouf malgré sa politique de neutralité entre les religions, à plus forte raison, entre les confréries, a bénéficié du soutien de certains marabouts. Dans le même entretien il a avoué cette réalité : « Falilou Mbacké et Ababacar Sy, les chefs des deux confréries ont soutenu Senghor à bout le bras. C’est vrai. Mais Abdoul Ahad Mbacké, qui était le Khalife générale des mourides, au début de ma présidence m’a soutenu encore plus fortement qu’aucun chef d’Etat ou aucun homme politique au Sénégal. Il a même été jusqu’à dire dans un appel : « celui qui ne soutiendra pas le président Abdou Diouf aux prochaines élections aura trahi le fondateur de la confrérie mouride, Cheikh Ahmadou Bamba ». C’était en 1988. Il me considérait comme son fils. Les tidjanes me soutenaient, mais pas de la même manière. Ce fut le cas de toutes les confréries et aussi des chrétiens. Je pense que c’est après le départ du Khalife générale Abdoul Ahad qu’au niveau de la confrérie mouride les choses se sont gâtées, pour d’autres raisons que religieuses »[6]. 

[1] Moriba Magassouba, L’islam au Sénégal Demain les mollahs ?, Karthala, paris, 1985, p.146.

[2] Taëf, en Arabie saoudite, avait accueilli en janvier 1981 un sommet islamique où Diouf, semble-t-il, s’était particulièrement distingué.

[3] M. Magassouba, op. cit., p.145-146.

[4] Ibid., p. 138.

[5] Lamine Tirera, Abdou DIOUF Biographie politique et style de gouvernement, L’Harmattan, Paris, 2006.p.202.

[6] Ibid.,

source:google images

source:google images

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents