La visite du Pape Jean Paul II et le choix difficile du président Abdou Diouf

Pour analyser ce fait historique nous nous réfèrerons à Monsieur Lamine Tirera en ce qui concerne la visite du pape Jean Paul II au Sénégal le 19.02.1992[7] :

Cet auteur indique que « L’application du principe de laïcité a posé, sous la présidence d’Abdou Diouf, certains nombre de difficultés dans la mesure où une confrérie voulait s’immiscer dans le champ de l’intervention étatique. Par exemple, lorsque Abdou Diouf a reçu le Pape en visite officielle au Sénégal, le Khalife générale des mourides « s’y est opposé […], en tout cas il n’a pas été enthousiaste. Mai j’ai dit : mon devoir est de vous informer ; alors je vous informe ! Il ya eu deux raisons à cela :

Premièrement, le Pape est un chef d’Etat, et je dois recevoir un chef d’Etat.

Deuxièmement, nous avons une communauté chrétienne qui a besoin de voir son guide ; c’est ma responsabilité de la protéger et lui offrir ce cadeau, de pouvoir accueillir le guide spirituel de la chrétienté »

Le respect du principe de laïcité doit être appliqué. (Le président Diouf justifie cela en disant la chose suivante) : « j’avais la mystique de l’Etat. Il ya des choses que je ne pouvais pas accepter ; il ya des demandes auxquelles je ne pouvais pas répondre. Je reviens à la question relative à la visite du Pape au Sénégal. Effectivement, le nouveau Khalife des mourides a très mal ressenti cette visite ; et il ne me l’a pas caché. Bien après, à l’occasion d’une de mes visites auprès de lui, il me l’a dit. J’ai donc compris que c’était resté là […], et que cela conditionnerait ses positions futures » en votant par exemple pour d’autres chefs de partis politiques.

Le président Diouf continue pour dire que « Cela a en effet beaucoup entravé ma tâche ; mais cela ne m’a jamais arrêté. Je peux vous donner l’exemple de grands chefs religieux qui se sont déplacés la nuit pour venir chez moi et me demander de céder sur tel ou tel point […], et sont repartis fâchés, parce que je n’avais pas cédé »[8]. reste à savoir qu'il n'est pas facile de vérifier l'exatitude de ces déclarations.

Car la plus part de temps les audiences sont ou se terminent en huis-clos.

[7] Rappelons que le président Senghor avait aussi l’intention de recevoir le pape au Sénégal mais il a finalement renoncé à son souhait.

[8] Lamine Tirera, Abdou DIOUF Biographie politique et style de gouvernement, L’Harmattan, Paris, 2006 p. 103-104.